الخميس، 17 سبتمبر 2009

À Batroun, un projet touristique soulève la polémique


Littoral




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À Batroun, un projet touristique soulève la polémique




Par Suzanne BAAKLINI jeudi, septembre 17, 2009


Le village du Kfarabida, caza du Batroun, est divisé par la perspective d'un nouveau projet résidentiel et touristique qui prévoit un investissement sur les biens-fonds maritimes. Entre intérêts économiques et protection du littoral, quelle logique vaincra ?
La côte de Batroun est plutôt rocheuse, mais ces roches-là s'apparentent souvent à des œuvres d'art. Quelque part sur le littoral de Kfarabida se trouve une belle crique qu'on dirait sculptée. Elle l'est en partie puisque ses stries naturelles sont surmontées de petites constructions datant de l'époque phénicienne, à peine décelables pour un œil non exercé tant le temps a confondu structures artificielles et naturelles. Quoi qu'il en soit, cette crique revêt sans nul doute une double valeur écologique et archéologique.C'est au niveau de cette crique que devrait se situer un projet privé d'assez grande envergure, composé de deux parties selon l'étude d'impact écologique dont un résumé a été publié par la municipalité du village : une partie terrestre de dizaines de villas et de chalets, un tunnel reliant le projet à une bande côtière rocheuse de 3 000 mètres, et une partie maritime comprenant des piscines naturelles, une plage de sable, un brise-lames pour protéger la plage d'une longueur de 100 mètres et une jetée de 120 mètres où pourront venir accoster les bateaux. Pour le tunnel et les composantes maritimes, les décrets 955 et 1020, datant respectivement de novembre 2007 et d'avril 2008, ont été adoptés par le Conseil des ministres en faveur de la société en question. Mais voilà que le projet rencontre une opposition parmi les habitants de Kfarabida, dont une cinquantaine a déjà signé une pétition qui circule. L'écologiste Mazen Abboud, qui suit l'affaire, résume leurs griefs contre le projet, notamment dans sa partie maritime. « Ces constructions en mer impliquent nécessairement un grand nombre de remblais, donc le risque de destruction de roches et de grottes si caractéristiques de cette côte, dit-il. C'est la dernière parcelle encore vierge de cette région. Si on continue à permettre les investissements sur la côte, l'accès du littoral sera bientôt complètement interdit aux fils de la région, au bénéfice de projets privés. »Mais suivant quels arguments les détracteurs du projet l'attaquent-ils ? D'une part, selon Mazen Abboud, les délais fixés dans les décrets 955 et 1020 ont été dépassés sans que les travaux ne commencent à temps. Cela donne au ministère des Travaux publics et des Transports une latitude pour réexaminer le projet. D'autre part, les propriétaires des terrains n'ont qu'une parcelle de 3 000 mètres, d'une largeur très réduite, sur la côte. L'écologiste fait remarquer que, selon la loi, seuls ceux qui disposent de 10 000 mètres carrés sur la plage peuvent envisager des travaux dans le domaine public maritime. Enfin, selon lui, il y a un réel souci de pollution, par les remblais comme par les eaux usées, même si l'étude d'impact écologique évoque la construction d'une station d'épuration. Il se demande en effet combien de revendications de ce genre n'ont jamais été respectées... Un homme, s'estimant lésé, a porté plainte personnellement après l'annonce faite par la municipalité concernant le projet et la publication d'un résumé de l'étude. C'est Youssef Jammal, propriétaire d'un restaurant célèbre situé sur la plage, à quelques mètres seulement du futur projet. « Regardez cette eau, lance-t-il. Elle est encore limpide, c'est certainement l'eau la plus propre du Liban. Que veulent-ils, la polluer et nous renvoyer tous à la maison ? » Les bateaux accostent bien chez Jammal, mais sur une passerelle construite sur pilotis, sans remblai. Il s'insurge aussi contre le fait que l'annonce a été faite par la municipalité, ce qui, selon lui, dépasse largement ses prérogatives. Protéger la criqueMais que dit le résumé de l'étude d'impact environnemental dont nous avons consulté une copie ? Il s'étend sur la description du littoral de Kfarabida, parle d'une gestion durable de la composante maritime du projet et évoque, entre autres, la construction d'une station d'épuration des eaux usées, l'utilisation de matériaux « adéquats » pour les remblais, ainsi qu'une limitation du nombre de yachts admis dans la marina, et une maintenance de ces bateaux qui sera exercée ailleurs que dans ce petit port. Les concepteurs du projet s'engagent à « limiter au maximum les effets négatifs sur l'environnement » et font valoir l'intérêt économique et touristique pour le village. Dans leur réponse à la municipalité, qui avait ouvert la voie aux remarques des citoyens, des habitants relèvent « l'ambiguïté » des termes en lesquels est rédigée cette étude, qui ne tient pas en compte les caractéristiques des plages de Kfarabida, et demandent à consulter le texte intégral. Toutefois, comme son nom l'indique, une étude d'impact environnemental (imposée par les décrets d'ailleurs) doit être approuvée par le ministère de l'Environnement. Nous avons appris qu'elle y a effectivement été examinée, et avons interrogé le ministre Antoine Karam sur le sujet. Celui-ci nous a appris que d'importantes modifications y ont été apportées. Il a assuré que « des normes très strictes ont été imposées pour la station d'épuration des eaux usées ». « Dans le projet, il était prévu de construire une sorte de chape en béton sur la crique, ce que nous n'avons pas approuvé, poursuit-il. La crique devra rester intouchée. Quant aux autres composantes, nous avons interdit la construction d'une jetée fermée et d'une marina, proposant, à leur place, l'aménagement d'une sorte de passerelle sur pilotis qui n'entraînera aucun remblai, ni aucune construction solide dans la mer. »Intérêt économique ?Les défenseurs du projet, eux, font valoir qu'au-delà de la question de protection de la mer, un tel investissement est non négligeable pour le village. Interrogé sur cette affaire, Tannous Féghali, président de la municipalité de Kfarabida, soutient que les détracteurs du projet « ne comprennent rien à l'économie ». « C'est un investissement de 50 millions de dollars dont profitera le village », ajoute-t-il, laissant entendre que l'opposition est « peut-être mue par des rivalités ou des intérêts personnels ».« Ce projet assurera des rentrées importantes pour la municipalité, ce dont profitera tout le village, poursuit-il. Les touristes seront plus nombreux, ce qui signifie davantage de consommateurs. De plus, beaucoup d'emplois seront créés et les fils du village auront la priorité lors de l'embauche. Tous les investisseurs sont les bienvenus. » N'est-il pas inquiet pour l'environnement marin ? « La société dispose de tous les permis nécessaires qui lui ont été accordés par l'État, répond M. Féghali. Tout ce qu'elle veut réaliser, c'est un brise-lames pour que les bateaux y accostent. Il n'y a aucun dégât, ni environnemental ni autre. » Il affirme par ailleurs que ce n'est pas à la municipalité d'accorder un quelconque permis dans un tel projet, et qu'il n'en a pas encore reçu les papiers officiels pour consultation finale. L'intérêt économique se défend-il ? Certains pensent que non. M. Jammal estime que les frais qui seront versés à la municipalité seront minimes par rapport aux dégâts occasionnés. « Pour ce qui est des offres d'emploi, un projet principalement résidentiel requiert une main-d'œuvre peu qualifiée, ce qui n'est pas le cas de l'écrasante majorité des habitants de Kfarabida », souligne-t-il.S'exprimant à un niveau plus général, M. Abboud fait remarquer que les retombées économiques sur le tourisme de la privatisation du littoral sont désastreuses, comme cela a été prouvé dans d'autres régions du monde. « Avec le développement non durable des côtes, il est estimé qu'en 2025, nous n'aurons plus d'ouverture sur la mer, dit-il. Le Parlement doit savoir qu'en prorogeant les textes légalisant les empiètements sur le domaine maritime, il fait perdre aux Libanais l'accès à leurs plages, et au pays sa compétitivité sur le plan touristique. »M. Jammal évoque un autre aspect de la question. « Quand ils auront détruit des rochers vieux de millions d'années, qu'allons-nous léguer à nos enfants ? » déplore-t-il.

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