السبت، 31 ديسمبر 2011

Les carrières, une histoire sans fin

L' Orient Le Jour Les carrières, une histoire sans fin En l’absence d’un gouvernement central puissant qui applique les lois, les atteintes à l’environnement ne se comptent plus. Les carrières sont un des fléaux les plus marquants. Mohamad Ahmadiyeh et Mazen Abboud font le point sur la situation. «Sous couvert d’un permis pour construire un dépôt destiné au stockage du sable, pour élargir une route ou pour aménager un lac artificiel ou un vignoble, les exploitants des carrières ne manquent pas d’imagination pour contourner la loi et ronger les montagnes», déplorent nos deux écologistes. Les carrières surgissent partout sans qu’aucun plan directeur national d’organisation n’ait pu en venir à bout. Certaines zones sont plus touchées que d’autres mais, du nord au sud, toutes sont concernées. À Dahr el-Baïdar, des pans entiers de la montagne ont disparu. À Maïrouba, la montagne est éventrée. Aïn Dara est dévastée par des carrières géantes. Des camions chargés de pierres de toutes tailles dévalent la montagne, en route vers les chantiers où poussent des immeubles. L’explosion du nombre de carrières a suivi le boom immobilier. Quel serait leur nombre, aujourd’hui ? « Il n’y a pas de recensement officiel, car la plupart travaille sans permis », affirme Mazen Abboud. Quant à Mahmoud Ahmadieh, il pense qu’il devrait y en avoir plus de mille « car, dit-il, en 1995, Dar el-Handassah avait recensé 464 carrières et 263 sablières. L’étude montrait aussi que 64% des carrières n’avaient pas de permis, 71% n’appliquaient pas les lois, 70% étaient menacées d’effondrement et 60% étaient un danger pour la santé publique. » Appliquez les lois existantes « Pourtant, les lois qui réglementent les carrières existent. Il suffit de les appliquer, martèle M. Ahmadieh. Il nous faut des dirigeants intègres. Depuis 1983, des centaines de milliers de dollars ont été dépensés pour établir des plans qui organisent l’exploitation des carrières au Liban. Aujourd’hui, ces études ont disparu ou elles croupissent au fond des tiroirs des ministères. En 2002, le décret-loi n°218 a permis au ministre de l’Environnement d’arrêter toute personne exploitant une carrière sans permis. Le ministère de l’Environnement peut aussi refuser l’octroi de permis aux entrepreneurs qui n’appliquent pas les conditions générales pour l’exploitation des carrières. La réglementation de ce secteur piétine toujours.» « Obtenir un permis pour exploiter une carrière n’est pas une mince affaire, explique M. Abboud, car ce permis est soumis à de nombreuses contraintes réglementaires. La procédure est longue et exige plusieurs signatures. Le carrier doit aussi déposer une caution financière (4500LL/m3 de pierres et de sable extraits) pour garantir la réhabilitation du site (terrassements et reforestation) après son exploitation. De plus, le permis n’est valable que pour une période déterminée. » Qui applique cette règlementation ? « Malheureusement, poursuit M. Abboud, le pays est rongé par la corruption et le clientélisme**. Les propriétaires des carrières sont le plus souvent des politiques, de grands leaders ou bien ils sont protégés par eux. Au Liban, chaque leader gère son fief et protège ses partisans car il a besoin de leurs voix pour être réélu. Il va donc satisfaire ses hommes et les laisser exploiter la carrière sans appliquer la loi pour qu’ils se fassent de l’argent. Ils ne se soucient guère de l’avenir du pays. » Quelles solutions ? Pour concilier développement des carrières et développement durable, Mazen Abboud propose de faire un calcul simple : attribuer une valeur aux effets négatifs des carrières et comparer ces chiffres aux gains engrangés par le propriétaire d’une carrière. Si la valeur des effets négatifs est supérieure aux gains, il faut arrêter la carrière, la réhabiliter et importer du sable, des pierres et du gravier. D’autres occupations seront fournies aux ouvriers. M. Ahmadieh n’est pas contre les carrières, car le pays se construit et se développe, mais à condition qu’elles soient conformes aux lois et qu’elles soient réhabilitées en fin de vie. « Appliquons nos lois et tout ira mieux», dit-il aux jeunes. Mazen Abboud invite les jeunes à s’engager dans la vie publique (scoutisme, associations) et de faire pression sur leurs parents pour que l’éducation qu’ils leur donnent soient conforme à leur façon d’agir. « Nous devons arrêter la défiguration du pays du Cèdre pour qu’il reste beau et viable pour nos enfants et les générations futures. » L’impact des carrières sur l’environnement Au Liban, la méthode du pointage et du dynamitage est utilisée pour extraire les roches. Les trous de forage sont remplis d’explosifs. L’explosion successive des trous fragmente grossièrement la roche et l’abat. Elle provoque aussi des fissures dans la région proche de la carrière. Les polluants liquides (huiles) dispersés dans la carrière s’infiltrent par ces fissures jusqu’à la nappe phréatique et la polluent. Les carrières représentent un grand danger d’effondrement car les infiltrations d’eaux les fragilisent. Elles peuvent provoquer de graves dégâts aux habitations construites sur leur site. Les carrières à ciel ouvert en roche massive créent des falaises ou des trous, découpent des collines et enlaidissent le paysage. L’aménagement de sablières détruit la couverture végétale, formée principalement de pins dont les racines favorisent l’infiltration des eaux de pluie et empêchent l’érosion des sols. Le bruit provenant des carrières (dynamitage, appareils de broyage, tout comme le bruit de la roche tombant dans la benne d’un camion vide), affecte le repos de la population qui vit à proximité. Les carrières soulèvent beaucoup de poussière qui recouvre les feuilles des arbres et empêche la photosynthèse. Elle nuit aussi à la santé des hommes. À savoir Les carrières au Liban doivent fonctionner en vertu d’un permis octroyé par le Haut Conseil des carrières. Ce Conseil est présidé par le ministre de l’Environnement. Il est composé de représentants des ministères de l’Agriculture, de l’Intérieur, de l’Énergie et de l’Eau et du plan d’urbanisation. Mazen Abboud etait le président fondateur de l’Union des associations du nord pour le développement, l’environnement et le patrimoine (UNEP-MAP). Mohamad Ahmadieh est président de Nature sans frontières (NSF). L’objectif de l’ONG est de lutter pour préserver l’environnement. NSF a dénoncé six cents infractions commises par l’homme dans la nature. Grâce à sa volonté de ne jamais baisser les bras, NSF a pu remédier à 15% des infractions commises.

ليست هناك تعليقات:

إرسال تعليق